Résumé :
« Ce sont des créatures fantastiques, effrayantes qui font penser à des légendes sombres. Sans pitié, elles sont probablement encore plus dangereuses que les bourreaux SS car ce sont des femmes. Est-ce que ce sont vraiment des femmes ? » Ainsi témoigne Lina Haag, rescapée du camp de Lichtenburg.
Elles se nommaient Irma Grese alias « La hyène d’Auschwitz », Maria Mandl, Johanna Langefeld ou encore Hermine Braunsteiner pour les plus célèbres. Dans chaque camp de concentration et d’extermination où elles étaient affectées, elles incarnaient la peur, la brutalité et la mort. Ces femmes qui participèrent activement à l’appareil génocidaire nazi, ce sont les gardiennes. La loi nazie imposant que les prisonnières et les déportées soient surveillées par des femmes, un corps de métier dépendant de la SS fut créé spécialement à cet effet, fort d’environ 4000 recrues.
Rouage essentiel dans l’administration des camps, les gardiennes, généralement issues de milieux modestes – ouvrières, employées de maison ou postières- sont recrutées par petites annonces, bouche à oreille ou directement sur leur lieu de travail. C’est à Ravensbrück, le premier et le plus grand camp pour femmes, qu’elles sont formées à partir de 1939. Dans l’univers concentrationnaire, elles deviennent vite des spécialistes de la violence. En 1942, quand les camps se multiplient et que la « solution finale » est décidée en secret, elles sont envoyées à l’Est pour seconder les SS dans leur travail macabre : humiliation, torture, sélection pour les chambres à gaz. Leur cruauté n’a rien à envier à celle des hommes. Si après la guerre, certaines gardiennes sont jugées et exécutées par la justice alliée, la majorité parvient à se faire oublier. Il faudra toute l’opiniâtreté de chasseurs de nazis, comme Simon Wiesenthal, pour les traquer et les débusquer, parfois jusqu’aux Etats-Unis.
« Femmes bourreaux » retrace l’ascension et le quotidien de ces gardiennes au sein des camps : une histoire qui n’avait encore jamais été écrite.
L’auteur :
Autrichienne, née de parents polonais, Barbara Necek travaille depuis 20 ans comme documentariste en France. Spécialisée dans l’histoire du nazisme et le travail de mémoire, elle a notamment réalisé « le Procès d’Auschwitz-la fin du silence » (2017), « Les femmes du Troisième Reich » (2018) et « Les résistants de Mauthausen » (2021).
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Mon avis :
J’étais très intriguée par ce livre et je suis sûre qu’il intéressera beaucoup de monde à sa sortie de par le sujet et la manière dont celui-ci est traité. Ce livre a été une mine d’informations, j’ai noirci six pages d’informations, de détails pour écrire ma chronique. Pourquoi et comment des femmes ont pu basculer dans l’horreur absolu et devenir complice des fabriques de la mort ? L’auteur nous explique les raisons, comment on a convaincu ces femmes, l’importance de celles-ci dans les rouages de la machine nazie… Ecrit d’une main de spécialiste, le récit est à la fois fascinant et glaçant, un coup de coeur si spécial et un récit nécessaire sur un sujet peu évoqué.
L’auteur remet dans le contexte l’importance des femmes dans le parti national socialiste et dans la société nazie. Dès 1920, les femmes sont engagées pour seconder les hommes. D’ailleurs le parti nazi avait bien compris le rôle que jouerait les femmes, il n’y a qu’à voir la Deutsches Frauenwerk (Union des femmes allemandes) et de la Nationalsozialistische Frauenschaft (Union des femmes national-socialiste), celles-là même qui gère l’enrôlement des filles dans les Jungmädel et les Bund Deutscher Mädel. Tout comme le Reichmütterdienst qui prépare des jeunes mères à leur rôle de femmes au foyer. Les femmes sont encouragées à intégrer la Croix-Rouge, le Reichsarbeitsdienst (Service du travail obligatoire du Reich). Treize millions d’Allemandes ont été enrôlées dans les organisations du IIIème Reich. Des mères, des épouses de dignitaires nazis, des secrétaires de la Gestapo, des infirmières et les gardiennes des camps de concentration. Quatre mille recrues car la loi nazie exigeait que les femmes soient gardées par des femmes dans tous les camps (Auschwitz, Bergen-Belsen, Majdanek, Ravensbrück où elles étaient formées.
D’une cruauté sans limites (sélections, tortures, chambres à gaz…). Agées de vingt-cinq ans en moyenne, issues de milieux populaires, éduquées à la propagande nazie, elles ont été pour la plupart transformées en bourreaux dans le système concentrationnaire.
Comment des femmes ordinaires ont pu devenir des bourreaux, certaines menants leurs vies de familles au sein des camps et dont la plupart n’ont eu aucun remord après la guerre ? Lire la suite