Résumé :
Cet ouvrage propose un bilan en trois volets (une communication moins institutionnelle mais toujours descendante avec leurs publics, des modes de travail plus autonomes et moins hiérarchiques, une communauté d’usagers très concernés par leur bibliothèque, qu’ils entendent défendre et protéger). Une étude menée par des spécialistes des usages du numérique et de la filière du livre qui renouvelle les perspectives des relations entre les bibliothèques et leurs publics.
Depuis une dizaine d’années, les bibliothèques investissent le Web social. Comment rendre compte des tensions entre l’évolution des différentes plateformes mobilisées par les établissements, les initiatives des équipes de professionnels et leur contexte territorial ? Quelles sont les stratégies des bibliothécaires ? Que faire des données quantitatives produites par les plateformes ?
Sur la base d’entretiens menés auprès d’établissements de lecture publique actifs sur les réseaux sociaux, auxquels s’ajoutent la BnF et Gallica ainsi que des booktubers, les auteurs analysent l’évolution des parcours des bibliothèques en la matière, la position des usagers et des bibliothécaires médiateurs.
Ainsi, la mobilisation des réseaux sociaux, telle qu’elle ressort de cette enquête, s’articule autour de trois enjeux : les réseaux sociaux numériques permettent aux bibliothèques d’établir une communication moins institutionnelle mais toujours descendante avec leurs publics ; ils instituent des modes de travail plus autonomes et moins hiérarchiques. Enfin, ils révèlent une communauté d’usagers très concernés par leur bibliothèque, qu’ils entendent défendre et protéger. Par leur investissement affectif, ces usagers convaincus rappellent les « ambassadeurs de marque », tels qu’ils existent dans certains secteurs marchands.
Menée par des spécialistes des usages du numérique et de la filière du livre, cette étude explore les relations entre les bibliothèques et leurs publics : « Postures de quasi-usagers du côté des bibliothécaires et discours de quasi-bibliothécaires du côté des usagers… ».
Les auteurs :
Marie-Françoise Audouard
Agrégée de lettres modernes, Marie-Françoise Audouard a travaillé dans différents groupes d’édition et de presse ; elle a notamment dirigé le secteur des encyclopédies fasciculaires du groupe Filipacchi, les Éditions du Chêne et les Éditions Filipacchi. Elle a également été Conseillère pour le livre et les archives de la ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel. Elle est consultante spécialisée et associée au cabinet Axiales.
Mathilde Rimaud
Après des études de lettres, Mathilde Rimaud a travaillé une dizaine d’années dans l’édition jeunesse avant de rejoindre Ecla Aquitaine, agence régionale pour le livre. Depuis 2012, elle est consultante spécialisée et associée au cabinet Axiales. Elle a mené de nombreuses études sur la filière du livre.
Louis Wart
Louis Wiart, docteur en information-communication, est titulaire d’une chaire en communication à l’Université libre de Bruxelles et chercheur au ReSIC. Il est l’auteur de « La prescription littéraire en réseaux » et coauteur de l’ouvrage « Des tweets et des likes en bibliothèque » avec Mathilde Rimaud et Marie-Françoise Audouard.
Mon avis :
Merci beaucoup aux Presses de l’Enssib pour ce livre. Passionnée par le numérique et les bibliothèques, je suis ravie de découvrir ce livre via la Masse-Critique de Babelio. Je suis assidûment toutes les parutions sur le milieu des livres et notamment les Presses de l’ENSSIB qui proposent des livres très complets sur tout ce qui touche les bibliothèques.
A l’heure où le numérique et les Réseaux Sociaux Numériques (RSN) font partis du quotidien, les bibliothèques publiques savent qu’il faut qu’ils soient proches de leurs usagers d’où l’utilité d’avoir une présence sur les réseaux sociaux renforçant les liens et le contact avec leurs publics.
Cette présence en ligne permet aux bibliothèques de dynamiser leurs images et de se faire connaître d’un plus large public (professionnels, public isolé…).
L’étude réalisée permet de voir quelle stratégie les bibliothèques ont mises en place pour être présents sur les réseaux sociaux, quel réseau social choisir, sur quels critères, qui s’occupe de les animer, combien de temps prend l’agent en plus de ses autres tâches pour les gérer, de quelle manière les analysent-ils, quelle formation suivent-ils ? …
De ce fait, la ou les personne (s) en charge de la communication devient le community-manager, une personne polyvalente qui en plus de sa charge de travail ajoute une corde à son arc en s’assurant de la pertinence et de l’utilité de ce qui est mis en ligne sur les différents réseaux sociaux et gère les commentaires, répond aux messages… C’est le couteau suisse responsable de tout ce qui se dit, est publié sur la bibliothèque. Cette personne est responsable de la bonne image de la bibliothèque sur les réseaux sociaux.
Enjeux, risques et dangers, où comment les bibliothèques prennent un virage à 180° pour asseoir leur visibilité, modernisant l’image désuète encore perçue sur les bibliothèques.
Divisé en trois parties, cet ouvrage présente les stratégies mises en place par des bibliothèques pour être présents sur les réseaux sociaux, avantages, contraintes (comment, pourquoi…).
Partie très intéressante sur les pionniers, les premières bibliothèques ou médiathèques à franchir le pas à mettre en place leur identité numérique, comment elles ont élaboré leur stratégie digitale, comment elles ont établi un planning de publication (quoi poster, quand…), comment elles analysent les statistiques pour s’améliorer en permanence dans le but de tisser et renforcer les liens avec le public et d’être visible.
La deuxième partie est technique et spécifique, analysant des publications de différentes sortes pour rendre accessible à tous peu importe ses connaissances sur les réseaux sociaux. Politique éditoriale, codes des différentes plateformes de réseautages, audiences… Idéale pour toute personne qui aimeraient comprendre ce qu’elle peut être amené à faire dans son travail grâce à des explications claires, des exemples, des astuces…
La troisième partie est tout aussi intéressante puisqu’elle s’interroge sur l’importance d’être présents sur les réseaux sociaux. Agrémentée d’entretiens avec des Booktubers de portraits d’usagers, elle permet de mieux comprendre l’importance pour les bibliothèques d’être présents sur les réseaux sociaux.
Ce livre se termine par des annexes méthodologiques (recensement des personnes rencontrées, les grilles d’entretiens utilisées…) et documentaires (exemples de fiches de postes, synthèse des comptes sociaux par bibliothèque étudiée, bibliographie…).
Enfin, ce livre montre l’évolution des bibliothèques et de leurs images, l’évolution des agents au services des publics via l’apport de nouvelles compétences et de leurs valorisations. Etre présent sur les réseaux sociaux permet d’attirer un nouveau public, qui intéressé par ce qui est mis en ligne aura envie de venir ou de revenir dans les bibliothèques.
On regrettera qu’aucune bibliothèque universitaire ne soit présente dans l’étude, les BU étrangères sont très présentes sur les réseaux sociaux et très avant-gardistes en termes de contenus. De bon exemples à suivre pour suivre les tendances des publications…
Un ouvrage très riche en informations pour toute personne intéressée par l’utilisation des réseaux sociaux au service des bibliothèques.