Visa pour l’éternité de Laurence Couquiaud

Résumé :

En 1939, Ewa fuit la Pologne envahie pour trouver asile en Lituanie. Leib, médecin, a assisté impuissant à l’anéantissement de Varsovie. Dans ce petit état balte, les réfugiés juifs tentent de reconstruire leur vie. Mais la menace d’une invasion plane et il faut repartir.
Toutes les ambassades ont fermé leurs portes. Sauf une : celle du Japon, où le consul Sugihara, agent de renseignement et diplomate, délivre des visas. Ewa, Leib et leurs amis du groupe des écrivains yiddishs doivent affronter les officiers de sécurité russes et la menace du goulag avant de pouvoir traverser le continent et la mer jusqu’au Pays du Soleil Levant. De là, destination Shanghai, alors sous contrôle japonais, où, dans un ghetto sordide, ils survivent en espérant la libération et une nouvelle terre d’accueil…

À travers cette incroyable odyssée fondée sur des faits réels, le roman de Laurence Couquiaud, l’auteure de « La Mémoire sous les vagues » (Prix Femme actuelle) dévoile un pan ignoré de l’exil d’une partie de la communauté juive en Asie, évoquant la violence du déracinement mais aussi l’entraide aux confins du monde, ainsi qu’une poignante histoire d’amour, de résilience et d’émancipation. En toile de fond, le portrait du « Schindler japonais », Chiune Sugihara, qui paya cher son geste généreux.

De Varsovie au ghetto de Shanghai, le roman vrai d’une bouleversante odyssée !

L’auteur :

Laurence Couquiaud est une globe-trotteuse, maman de trois garçons qui, dans ses nombreuses vies, a exploré l’architecture, la céramique et l’écriture. Passionnée par la mer et pratiquant assidûment apnée et plongée, elle se spécialise dans l’étude de l’environnement des cétacés au Japon, puis à Singapour.

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Mon avis :

Ce roman m’a tapé dans l’œil dès que je l’ai vu sur le site de sa maison d’édition. Passionnée par l’Asie, je m’intéresse notamment à l’histoire de ses pays durant la Seconde Guerre mondiale. Sûrement parce qu’on en parle peu en France même si des livres paraissent depuis un moment me permettant d’en apprendre toujours plus. Pour être honnête, je ne connaissais pas Chiune Sugihara et ce qu’il a fait au mépris du danger pour lui et sa famille devrait être connu par tous. Ces héros, il y en a beaucoup qui sortent de l’ombre grâce à des auteurs, des films ou des documentaires, on ne saura jamais assez les remercier de les mettre en lumière. Je ne m’attendais pas à terminer ce livre en quelques heures, je pensais le faire durer plus longtemps mais saisie par le récit, je n’ai pas vu que j’en arrivais déjà à la fin. 

Acre, Israël, juin 2016.

Toute la famille est réunie pour l’inauguration d’une plaque commémorative rendant hommage aux actes de courage de Chiune Sugihara durant la Seconde Guerre mondiale. Mais un désaccord survient quand l’un des petits-fils d’Ewa parle des actes de Donald Trump et donne sa vision des choses. Ses mots sèment le trouble chez son arrière-grand-mère qui ne comprend pas comment il peut penser ainsi après tout ce que ses arrière-grands-parents ont vécu. Pour mettre un terme à ces propos, Ewa décide enfin de leur raconter son histoire intimement liée à celle de Chiune Sugihara.

Octobre 1939, Pologne.

Ewa remonte le temps jusqu’en 1939 où elle a été obligée de fuir la Pologne après le meurtre de son mari partant seule dans un exode semé d’embûches. Premier arrêt en Lituanie où elle trouve asile temporairement tandis que l’invasion de l’armée allemande déferle sur l’Europe. Là-bas, elle rencontre Leib, un médecin qui comme Ewa espère trouver une terre d’accueil, un refuge pour ceux que les SS cherchent à exterminer. Tous les deux ont connu leur lot de souffrance et c’est ensemble qu’ils vont tenter de survivre fuyant les nazis et les Soviétiques alors qu’Ewa apprend qu’elle est enceinte. Un miracle même si la misère dans laquelle ils tentent de survivre laisse peu de chance à cette petite vie de vivre.

Avec pour seul espoir d’obtenir un visa de transit de l’Ambassade du Japon, Ewa, Leib et beaucoup d’autres Juifs vont réussir à obtenir leur promesse de liberté grâce à Chiune Sugihara qui au mépris du danger pour lui et sa famille, fait fi du serment où il voue obéissance à l’Empereur et permet le passage de milliers de réfugiés leur offrant une chance de rester vivants.

Malheureusement, le conflit entre les Etats-Unis et le Japon gagne du terrain et l’insécurité des réfugiés atteint son paroxysme quand ils se voient contraints de partir dans un ghetto à Shanghai, sous domination japonaise. 

La misère, la peur, la survie dans des conditions innommables les marquera à jamais mais les rapprochera, renforçant leur envie de survivre jusqu’à la fin de la guerre.

Ce roman inspiré par des faits réels est intense, prenant et captivant. L’auteur a une magnifique plume qui sait mettre en valeur une histoire d’amour et de courage au cœur d’un long et périlleux exode de l’Europe de l’Est à l’Asie, d’un dictateur à un autre.

Laurence Couquiaud dépeint avec un réalisme saisissant un aspect de la Seconde Guerre mondiale méconnue grâce aux récits de personnes ayant vécu cet exode. Le contexte géopolitique est parfaitement retransmis et nous dévoile beaucoup d’informations permettant de mieux saisir les enjeux et difficultés. Les atrocités commises tout comme l’entraide sont mis en avant.

En Lituanie, 90 % des 150 000 Juifs ont été exterminé lors de l’invasion du pays par les nazis. Des chapitres nous permettent de connaître le parcours de Chiune Sugihara dont sa générosité lui coûtera très cher.

En 1985, il est reconnu comme « Juste parmi les Nations » et est surnommé le Schindler Japonais pour ses actes.

J’ai particulièrement apprécié les cartes, notes, remerciements et bibliographie qui enrichissent et ponctuent ce récit en beauté, permettant d’apprécier l’ampleur du travail que l’auteur a fait pour écrire ce livre. Une mention toute particulière pour avoir mis en avant le long exode jusqu’en Asie de milliers de Juifs contraints de fuir à travers des contrées lointaines (fait particulièrement méconnu enfin mis en lumière), notamment au Japon allié avec les nazis. Pas de coup de cœur car je n’ai pas eu ce petit truc, je pense que c’est aussi parce que le livre se lit très vite, j’avoue que je ne m’attendais pas à ce que la police d’écriture soit si grosse.

Un récit qui m’a donné encore plus envie de me pencher sur l’histoire de l’Asie durant la Seconde Guerre mondiale qui m’intrigue beaucoup car peu connue.

 

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